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Z2 Coms et Recherches de Zighcult
14 février 2007

ARABE, POURQUOI?

felicitations
je vous felicite pour votre travail et vous souhaite bonne continuation mais je n'ai pas trouve de reponse a ma questio:

pourquoi nommer un africain un arabe (asiatique)
quels sont les criteres?
merci par avance salut
11/02/07 - 10:42

Djemelus

°°°000°°°

REPONSE de KNTHMH

Histoire et terminologie

Il semble que le mot arabe se soit appliqué à tous les habitants de certaines zones suivant certains critères, ce qui est très bien expliqué dans les textes et documents que j'ai recopiés plus bas: A l’origine le mot "Arabe" était un nom désignant trois types de gens...

par exemple, moi, ayant vécu en terre arabe, on pourrait dire que je suis par conséquent "arabe", mais en fait je ne suis pas "arabe" par mes ascendances, du moins connues!

il est aussi question d'identité arabe: Elle se forge peut-être autour de l'histoire d'une terre commune à plusieurs groupes au fil du temps et qui fut conquise par les arabes.

être nés dans des terres "arabes" fait-il de nous automatiquement des "arabes"

être né dans l'islam, de parents de lignage non arabe fait-il de nous automatiquement des "arabes"? certaines définitions semblent l'affirmer

l'islam fut  véhiculé par la langue arabe et diffusé en langue arabe vers des populations non arabes, mais il y eut alors des échanges et des interpénétrations culturelles, d'un côté comme de l'autre

Comment considérer les populations qui ne s'expriment pas en arabe ? La légitimité au sens strict de la langue berbère en Algérie a récemment soulevé ce délicat problème.

le débat reste ouvert, semble-t-il

Le langage "populaire"

maintenant que dire du mot arabe employé dans le langage populaire à toutes les sauces?!

est-ce une dénomination précise, recouvrant quelle réalité superficielle ou profonde?

ce terme peut-il être considéré comme erroné ou injuriant ou abusif ou facteur de divisions dans certaines conditions?

actuellement je vis en europe, je ne demande pas à ce qu'on m'appelle "européenne", lorsque je vivais en Afrique, je ne sais pas si je me serais particulièrement réjouie d'être appelée "africaine"

On m'a appelée ou plutôt lancé en travers de la tronche "arabe", c'était dans des contextes insultants et méprisants, je n'ai pas apprécié!

°°°000°°°

Copie de documents:

A l’origine le mot "Arabe" était un nom désignant trois types de gens :

1. Ceux dont la langue était l’Arabe

2. Ceux qui étaient enfants d’Arabes

3. Ceux qui vivaient sur les terres des Arabes qui correspondent à la péninsule arabique, à partir de la mer Qulzum [1], la mer de Basra et de l’extrême limite du Yémen jusqu’à l’entrée du Shâm. Donc le Yémen est inclus dans leur terre mais pas al-Shâm. C’était la terre des Arabes, au temps de l’éveil et de la propagation des Arabes, et avant cela.

Lorsque l’Islam est apparu et s’est répandu jusqu’au grandes villes, les Arabes sont restés vivre dans ces terres, de l’extrême orient à l’extrême occident, et des côtes du Shâm et de l’Arménie. Et dans ces terres habitaient les Perses, les Romains, les Berbères et d’autres.

Les terres se divisaient en deux catégories :

1. Les lieux profondément marqués par la langue arabe au point où les gens ne connaissaient rien d’autre que la langue arabe.

Ou : les gens connaissaient l’Arabe et celui qui était "fabriqué" et qui s’était introduit dans la langue Arabe. C’est le cas de la majorité des gens du Shâm, l’Irak, l’Egypte, l’Andalousie etc... Et je pense que ce fut aussi le cas pour la Perse et le Khurasân dans le passé.

2. Les lieux où les non-arabes étaient nombreux ou en majorité comme les terres des Turcs, Khurasân [2], l’Arménie, l’Azerbaïjan [3] et d’autres pays semblables.

Ces endroits se divisent en deux : ceux qui étaient Arabes depuis le début et ceux qui étaient Arabes par résidence, et ceux qui ne sont pas Arabes.

Ainsi, les origines se divisent en trois catégories :

1. Les gens qui ont un lignage d’arabes et qui ont conservé la langue et le lieu d’origine arabes. Ou qui ont gardé la langue mais pas le lieu d’origine, ou le lieu d’origine mais pas la langue arabe. [4]

2. Les gens qui sont d’une descendance arabe à l’origine, en fait ils sont des Bâni Hâshim mais leur langue et leur lieu de résidence sont devenus non-arabes, ou l’un des deux [est devenu arabe]. [5]

3. Les gens qui ne connaissent pas leurs origines et qui ne savent pas s’ils ont une lignée Arabe ou non. La majorité des gens aujourd’hui sont dans ce cas, sans se soucier du fait qu’ils étaient Arabes par la langue et la résidence, ou non-arabes dans l’un des deux [cas].

Aussi, les Arabes se divisent en trois catégories au niveau de la langue :

1. Les gens qui parlent Arabe dans la prononciation, l’articulation et l’accent.

2. Ceux qui parlent Arabe dans la prononciation mais pas dans l’accent. C’est le cas de ceux qui se sont "arabisés", au début, ils n’ont pas étudié la langue arabe auprès des arabes, et parlaient d’autres langues. Puis ils ont par la suite appris la langue arabe. C’est le cas pour la plupart des gens de science qui ont appris l’arabe.

3. Les gens qui ne parlent que très peu l’arabe.

Donc dans ces deux groupes de gens, il y a ceux qui étaient profondément marqués par l’arabe, ceux qui ont été plus influencés par la langue non arabe, et

ceux qui sont concernés par les deux cas, que ce soit par coutume ou tradition.

Donc si l’arabe doit se diviser selon l’origine, la langue, et la résidence, alors les règles sont différentes selon les cas, surtout en ce qui concerne le lignage et la langue.

Ce que nous avons mentionné jusqu’ici au sujet de l’interdiction d’imiter les non-arabes était très important aux débuts de l’Islam, pour les tout premiers hommes (les Sahabah). Puisque tout ce qui était le plus proche de leur guidée est préférable, et tout ce qui s’en éloignait est contradictoire, que l’opposant de cette guidée aujourd’hui soit un Arabe de par sa lignée ou par la langue. Et c’est ce qui nous est connu des Salaf. [6]

Al-Hâfidh Abu Tahir as-Silafi, dans " Les vertus des Arabes ", rapporte de Abu Shihâb al-Hannât, de Jâbir bin Mûsa, de Abu Ja’far Muhammad bin ’Ali bin al-Hasan ibn ’Ali qui dit : "Quiconque naît dans l’Islam, est un Arabe." C’est ce qui est rapporté par Abu Ja’far. Ceci, car celui qui est né dans l’Islam, est né dans un milieu arabe et s’est familiarisé avec leur langue. [7]

Et celui qui médite sur ce que nous venons de parler dans ce chapitre, connaîtra l’intention de la Sharî’ah dans ce que nous avons mentionné comme consensus ordonné et divergences interdites à ce sujet, puisque j’ai commencé par les indiquer, avec leurs raisons et ce qu’ils contiennent comme sagesses (hikma).

_________________
[1] Il s’agit de l’ancien nom de la mer rouge.

[2] Khurasân est une grande province dans le nord-est de l’Iran, s’étend de l’Irak à l’ouest jusqu’aux frontières de l’Inde à l’est. Ses principales villes sont Naysabûr (Nishapur) et Mashhad. Les Muslims y ont connu l’Islam à l’époque des Sahabas. L’ancien "grand Khurasân" inclut des terres qui sont maintenant en Iran, en Afghanistan, au Turkménistan et en Uzbékistan. Quatre des principales villes historiques de la Perse sont situées dans l’ancien Khurasân : Nishapur (aujourd’hui en Iran), Mery (aujourd’hui au Turkménistan), Herat et Balkh (tous les deux en Afghanistan). Les Mongols l’ont conquis en 1220 (de l’ère grégorienne) et un tremblement de terre dévastateur toucha la province en 1997.

[3] L’Azerbaïjan est actuellement situé à l’extrême nord de l’Iran, une de ses célèbres villes était Tabriz, au Nord de l’Iran.

[4] Dans son explication de "Iqtidaa us-Sirat al-Mustaqîm" (Edition Istiqamah : Riyadh et Unayzah, 1416 AH, cassette n.13), le noble Shaikh Muhammad bin Salih al-Uthaymin (rahimahullah) fut interrogé en ces termes : "Est-ce possible qu’une personne qui ne connaît pas la langue arabe puisse être arabe par résidence et par descendance, même si elle n’en maîtrise pas la langue et le parler ?" Le Shaikh répondit : "Oui, cela est possible, de manière claire, par exemple, si une personne réside dans la péninsule arabique mais ne sait pas parler l’arabe. Les domestiques et employés que nous avons et qui ne savent pas parler la langue arabe, ils se font adresser la parole par des enfants avec la langue des domestiques et des employés. Et parfois, un traducteur est nécessaire, alors un enfant traduira la langue du domestique en arabe. Ils ne sont pas arabes à l’origine, mais il est possible pour eux d’être arabes par la résidence, et non par la langue."

[5] Dans son explication de " Iqtidaa us-Sirat al-Mustaqîm " (Edition Istiqamah : Riyadh et Unayzah, 1416 AH, cassette n.13), le noble Shaikh Muhammad bin Salih al-Uthaymin (rahimahullah) fut interrogé en ces termes : "Qu’en est-il d’une personne qui est arabe par langue et lignage, mais qui aime les pays de l’Occident et des non-Arabes, est-ce que cette personne est arabe ?" Le Shaikh répondit : "Cela n’est pas bien, une telle personne est arabe par la langue et la descendance, mais n’est pas arabe dans sa manière de penser."

[6] Concernant cela, le Mujaddid de cette époque, le Muhaddith, Shaikh Nasir ud-Din al-Albâni (rahimahullah) a dit dans Silsilat ul-ahadith al-dha’ifah , dans le commentaire d’un hadith inventé faisant l’éloge des Arabes : "La gloire de l’Islam, son succès et son honneur ne dépendent pas du pouvoir et de la force des Arabes. Cela peut même être réalisé sans eux, comme ce fut le cas durant la période Ottomane, surtout les (au) débuts de leur règne lorsque Allah (subhanahu wa ta’ala) accorda la gloire à l’Islam à travers eux au point que l’Islam pénétra au cœur même de l’Europe. Mais lorsque les Ottomans ont commencé à abandonner les lois islamiques, les remplaçant par des lois européennes (échangeant le noble pour le bas), leur pouvoir et leur influence s’amoindrit dans ces régions, jusqu’à ce qu’ils perdirent le pouvoir politique dans leur propre pays. Aujourd’hui, tout ce qui en reste n’est qu’une infime partie de ces apparences qui montrent leur Islam du passé ! Avec leur chute, toute la Ummah fut profondément humiliée. Les ennemis de cette Ummah entrèrent dans leurs terres et les colonisèrent toutes, sauf quelques parcelles de terres ici et là. Maintenant la situation est telle que même s’ils ont réussi à se débarrasser des colonisateurs, ils sont restés leurs esclaves dans beaucoup de manières. En tous les cas, le fait est que l’Islam gagne ou perd de sa gloire, succès et honneur par ses adhérents, qu’ils soient arabes ou non, et comme le hadith mentionne "Les arabes ne sont pas supérieurs aux non arabes sauf par la taqwa" . Ceci dit, il faut noter qu’en tant que peuple et nation, Allah a préféré les Arabes sur les autres peuples (en ayant nommé Son dernier Prophète parmi eux). Ceci est mon opinion même si je suis Albanais. Et c’est également l’avis de Ahl us-Sunnah wal-Jama’ah. Elle est prouvée par de nombreux ahadiths rapportés sur ce sujet. L’un d’eux mentionne : "Parmi les fils d’Ibrahim, Allah a choisi Isma’il, et parmi les fils d’Isma’il, Banu Kinânah, des fils de Bânu Kinânah, les Qurashites, des Qurashites, Bânu Hashim, et des Bânu Hashim, Allah m’a choisi." Le hadith a été recueilli par Ahmad (4/107), Tirmidhi (4/392) qui le déclare Sahih, et il est également dans le Sahih Muslim (7/84), Bukhari dans Tarikh as-Saghir (p.6) par Wathilah bin Aqsa’. Le hadith est renforcé par un autre rapporté par une deuxième chaîne de transmetteurs commençant par ’Abbâs bin ’Abdil Muttalib, qui se trouve dans Tirmidhi (qui le juge sahih) et Ahmad. Une autre version peut être trouvée rapportée par Ibn ’Umar, dans Hâkim (4/84) qui confirme aussi son authenticité.

Néanmoins, cela ne doit pas amener un Arabe à avoir de la fierté dans sa nationalité. Une telle fierté nationaliste fait partie de l’époque de la Jâhiliyyah que le Prophète (sallallahu’alayhi wasallam) a détruite. Et les Arabes ne doivent pas oublier le fait que ce fut leur intelligence, leur langue et leur caractère qui les a menés à leur choix d’être les premiers porteurs du message de l’Islam. Si un Arabe réalise cela aujourd’hui, alors il devrait garder ces qualités et en faire un devoir de répandre la parole de l’Islam. Mais s’il les abandonne, alors il n’a aucune supériorité sur personne. En fait, un non arabe qui réunit les mêmes qualités, est, sans aucun doute, supérieur à un Arabe. La vraie supériorité provient donc du fait de suivre la voie du Prophète (sallallahu’alayhi wasallam), et peut être atteinte par quiconque possédant des qualités approuvées par l’Islam, comme l’imân, la vertu, la vie pieuse, l’ihsân, etc. Le Prophète (sallallahu’alayhi wasallam) a dit : "Celui qui a délaissé ses actions, ne sera pas rattrapé par son lignage." En résumé, le véritable mérite est dans l’ornement de soi avec certaines qualités. Lorsqu’elles sont perdues, le mérite est perdu : "Les arabes ne sont pas supérieurs aux non arabes sauf par la taqwa" Et cela devrait montrer l’hypocrisie de celui qui appelle au nationalisme arabe alors qu’il ne possède même pas les qualités qui y sont liées (avec le fait d’être un arabe). Au contraire, une telle personne est occidentale dans l’apparence et dans l’âme !

[7] Il est mentionné dans l’explication de " Iqtidaa us-Sirat al-Mustaqîm " (Edition Istiqamah : Riyadh et Unayzah, 1416 AH, cassette n.13), par le noble Shaikh Muhammad bin Salih al-Uthaymin (rahimahullah), une narration de as-Silafi de Abu Qâsim al-Hallâl, de Abu Muhammad al-Hasan bin Husayn an-Nawbakhti, de ’Ali bin ’Abdillah al-Mubashir, de Ibn Harb al-Masha’i, de Ishaq al-Azraq, de Hishâm ibn Hassan, de Hasan qui le tient de Abu Hurayrah (radhiallahu’anhu) qui dit : " Quiconque parle arabe est un arabe"

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Auteur : Shaikh ul-Islam Ibn Taymiyyah (avec des fawâ-id de Shaikh Ibn Uthaymîn et Shaikh Al-Albâni -rahimahumullah).

Source : Extrait de "Iqtidâ us-Sirât al-Mustaqim li Mukhalifa Ashâb ul-Jahîm".

Traduit à partir du texte original en arabe et de la traduction anglaise de www.salafimanhaj.com (pour les fawâ-id).

Traduit par l’équipe de Sounna.com

source

L'Institut du Monde Arabe à Paris a pour but d'établir un pont culturel entre le Monde Arabe et l'Europe. Mais un décalage apparaît entre le fondement politique sur lequel s'établit l'Institut - la Ligue Arabe - et ses vocations strictement culturelles. Dans un tel contexte, quelle définition donner de la culture arabe ?

L’ IMA propose une définition culturelle du Monde arabe partiellement fondée sur l'appartenance linguistique des pays membres. Le Monde Arabe serait le monde arabophone. Ses origines sont donc en partie recherchée dans l'histoire des pays de langues dites sémitiques anciennes. Dans le cadre de cette définition linguistique, s'entremêlent la langue, l'histoire et la géographie. D'après la Genèse, Sem, Cham et Japhet, fils de Noé, ont reçu leur pays chacun selon leur langue. Les philosophes du XVIIIe siècle ont, pour cette raison, divisé les langues connues par les hébreux en trois groupes: sémitiques, chamitiques et japhéites (ou indo-européennes). Mais, il reste que toute localisation précise de ces langues est difficile et que l'on recourt à une terminologie parfois floue pour parvenir à rendre compte de la réalité. L'égyptien antique est ainsi qualifié de « chamito-sémitique ». Plus clairement, les langues sémitiques partagent un caractère commun, qui n'est pas d'ordre territorial : leurs racines consonantiques extrêmement stables dans le temps. Il est donc tentant de relier le shamash akkadien au shams (soleil) arabe. Par ricochet, il devient presque légitime de reconnaître dans les civilisations millénaires du croissant fertile ou d'Arabie, les lointains précurseurs de la culture arabe. On notera dans l'exposition « Yémen, au pays de la reine de Saba » l'importance qui avait été accordée à la langue sud-arabique et celle qui est réservée au phénicien dans l'exposition sur le « Liban, l’autre rive ». Concernant les périodes postérieures à la conquête arabe on insistera moins sur le caractère sémitique de la langue, l'usage de l'arabe s'imposant peu à peu.

La langue n'est pas seulement un critère définissant, elle est aussi le vecteur d'une culture. En 1995, l'exposition « la médecine au temps des califes » développait d'ailleurs, en filigrane, l'idée que la science arabe était celle écrite en langue arabe. Les « itinérances » d'une cour à l'autre des médecins du Moyen Age autorisaient à dépasser les frontières politiques et à reconnaître que la culture et la pensée n'avaient d'autres limites que la langue et son support papier ou parchemin. L'aire géographique touchée par la science arabe débordait ainsi du Monde Arabe actuel. Pour autant, parlerions-nous de science anglo-saxonne parce que les scientifiques de notre temps s'expriment dans cette langue ? Les spécialistes de sciences arabes du Moyen Age ont sans doute insisté sur le facteur d'unité qu'a constitué la langue dans l'élaboration d'une science originale, mais ils avancent également qu'elle a pour particularité de s'être développée en terre d'islam. Qu'englobe la notion de terre d'islam?

Une civilisation arabo-musulmane

La notion de terre d'islam n'évoque pas une sorte d'uniformité confessionnelle sur un territoire donné, mais le fait que ce territoire est soumis au pouvoir de chefs musulmans. Parallèlement à la question de l'utilisation de l'arabe comme langue scientifique, cela pose le problème des interférences entre le pouvoir, la langue et la religion.

Le rôle du pouvoir politique sur l'élaboration de la culture arabe se joue notamment par le fait qu'il contribue à la diffusion de la langue arabe. Dès la période omeyyade, la politique des califes était d'imposer cette langue au sein de l'administration. Ainsi, la faveur dont elle jouit auprès des scientifiques du Moyen Age s'explique en grande partie par le fait qu'elle dominait à la cour. En outre, les califes agissaient comme des mécènes et commandaient de nombreuses traductions de manuscrits syriaques ou grecs en arabe. Cette langue de pouvoir est progressivement devenue de science et de culture.

L'accent porté sur la langue permet, par ailleurs, de ne pas identifier scientifiques arabes et scientifiques musulmans. Des médecins zoroastriens n'ont-ils pas été appelés à la cour des califes omeyyades ? Al-Maïmonide n'est-il pas un exemple éclatant de médecin philosophe juif écrivant aussi sa science en arabe? La culture arabe, comme nous l'avions définie, c'est-à-dire écrite en langue arabe, n'est donc pas nécessairement musulmane, même si au Moyen Age elle s'est épanouie en terre d'Islam. Cependant, si la langue arabe est celle des califes, si elle s'impose comme langue de pouvoir et par là même gagne les milieux scientifiques indépendamment des aspects religieux, il n'est guère possible de la considérer hors des influence de l'Islam.

En effet, cette langue s'est-elle imposée du fait de l'origine des conquérants et de leur domination politique, ou en raison du rôle assumé par les califes, successeurs de Mahomet et garants de la transmission d'une parole révélée en arabe ? Quelle est la part de la religion musulmane dans l'élaboration de cette culture ? La conquête arabe est indissociable de l'apparition de l'Islam qui en fût partiellement le moteur. L'Islam est à la base des lois, elle a participé de la formation théorique des grands scientifiques. Le pouvoir califal ne joue pas seulement un rôle unificateur favorisant les sciences arabes, notamment par la diffusion de la langue arabe, mais encore, il modifie la culture des peuples conquis par l'introduction d'une nouvelle source d'inspiration religieuse.

Notons que la diffusion de la religion permet aussi celle de la langue arabe et donc, de manière spiralée, l'élargissement de la sphère des influences culturelles possibles. Ainsi, les musulmans d'Inde, de Chine et d'ailleurs apprennent les éléments d'arabe nécessaires à la lecture du Coran. Sur la base de la religion, souvent indissociable de la politique, peuvent aussi, dans un mouvement inverse, s'exercer des influences venues de l'extérieur des pays de langue arabe. A titre d'exemple, l'Inde Moghole ou la Turquie ottomane ont contribué à la formation de la culture des pays arabes.

Se croisent une pensée et une science arabes, écrites en arabe, et une tradition musulmane sise sur un pouvoir politique qui, dans les limites des pays du Monde Arabe, tissent une civilisation qualifiée « d'arabo-musulmane ». De nos jours, en raison de la relation complexe qu'entretiennent toujours le pouvoir et la religion musulmane, la langue par laquelle a été révélé le Coran n'est pas seulement interprétée comme une langue de culture, mais aussi, et de plus en plus, perçue comme l'un des symboles de l'Islam. Il reste que l'ensemble des peuples conquis ne sont ni nécessairement de langue arabe, ni nécessairement musulmans.

Vers une définition historique

Comment considérer les minorités qui ne s'expriment pas en arabe ? La légitimité au sens strict de la langue berbère en Algérie a récemment soulevé ce délicat problème. Des réflexions parallèles ont cours dans les médias concernant le Soudan. Le problème se pose d'autant plus qu'il recoupe parfois celui de l'appartenance confessionnelle. Ce que la culture arabe n'intègre ni par la langue, ni par la religion, paraît voué à l'exclusion.

Elle peut cependant l'entraîner dans son sillage par l'appartenance territoriale, politique ou historique. Cette appartenance paraît bien complexe à définir. Il n'est plus guère possible de parler de terre d'Islam, les pays musulmans étant bien plus nombreux que les pays arabes et le droit à la laïcité peut être revendiqué par certains. L'identité arabe ne peut plus se forger autour d'un pouvoir califal. Elle se forge peut-être autour de l'histoire d'une terre commune à plusieurs groupes au fil du temps et qui fut conquise par les arabes. L'exposition « Jordanie, sur les pas des archéologues » retraçait l'histoire de ce pays en remontant le temps depuis la période omeyyade jusqu'au VIIe millénaire, liant ainsi des millénaire de civilisation suivant un fil directeur unique : l'occupation d'une terre.

L'Institut ne limite donc pas son propos à la période strictement postérieure à la conquête arabe ou aux origines de la langue arabe, l'approche de l'histoire antique voire de la préhistoire font également partie de ses attributions.

Ces problèmes de définitions de l'identité culturelle arabe étaient l'un des enjeux majeurs de l'IMA qui reste, à cet égard, un laboratoire. Par ailleurs, des expositions archéologiques dessinent également une définition de la culture arabe adaptée au public européen.

source

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Si vous voulez apporter des précisions, des réponses, vos réponses dignes, calmes, et non racistes seront les bienvenues, merci!

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